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Je me raconte chapitre II _III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XI XII XXIII | ||
(cliquez sur chaque photo pour agrandissement) Page 1 Avril, mois qui me vit naître. J'étais le huitième enfant de mes parents. Bébé braillard qui tenait toute la maisonnée en alerte jours et nuits. Ce que j'ai pu en entendre parler de cette première année par mes aîné(e)s... Par mon grand frère Laurent, qui a dix ans me berçait des nuits entières pour laisser les autres dormir en paix. Ceci fit naître en lui un profond sentiment de protection qu'il a exercé à mon endroit pendant fort longtemps. Par ma mère qui me disait avoir découvert la cause de mes pleurs quand j'ai pu être capable de me traîner et me gaver de tout ce qui me tombait sous la main. Et bien oui... le bébé était affamé. Ma mère consultait le médecin qui lui conseillait de couper mon lait avec de l'eau parce que je digérais mal!!! On m'affamait de plus en plus. C'est sans doute de cette période de ma vie que me vint le profond sentiment que la plus habilité à s'occuper de moi; c'était moi-même. Voilà pourquoi je traîne une réputation de personne indépendante. Ma mémoire me ramène très peu de souvenirs de ma petite enfance. Sinon une enfance insouciante parsemée de joies et de peines, rien de dramatique. De vagues images de mon grand-père paternel revenant du village à pieds et s'arrêtant chez son fils pour laisser un sac de friandises aux petits-enfants. Souvenir d'un petit matin frisquet d'un 21 septembre 45 où je fus sorti du lit aux petites heures pour me rendre avec mes sœurs chez la grand-mère paternelle Florina, Un autre fait marquant fut mon entrée à la petite école du rang. Les années de mon primaire; j'arrivai bonne deuxième pour les trois premières parce que nous étions 3 élèves, Yvon Sarrazin , Rita McGuire et moi formions la division; et bonne dernière pour les quatre suivantes. Il faut dire qu'alors la division se composait de deux élèves. L'autre qui n'était pas moi :))) était un génie. Yvon a d'ailleurs diplômé ingénieur à la fin de ses études. Le seul ingénieur qui soit sorti du Rang de la Mine. :-))) Je fus une grande timide durant toute mon enfance. Je m'arrangeais pour passer le plus inaperçu possible. Mes copines de classe; Claire et Marguerite Girard et Thérèse Bastien étaient mes aînées de quelques années. Durant les récréations, je placotais avec elles au lieu de partager les jeux des autres élèves. J'aimais l'école. Les études ne m'étaient pas un fardeau. Attentive au cours; je n'avais pas besoin d'étudier beaucoup. Les deux mois de vacance se déroulaient paisiblement. Maman m'occupait à diverses petites tâches et je participais à la cueillette des fruits sauvages, fraises des champs et bleuets. Mes vacances étaient égayées par la présence du cousin Claude et de sa sœur Laurette qui séjournaient chez grand-mère. Ils venaient souvent nous visiter. Ah! que le cousin fit battre mon petit cœur. Les premiers émois amoureux restent inoubliables. C'était anodin comme comportement. Je n'ai jamais su si ces sentiments furent partagés. Tout se passait dans nos regards. Une seule fois, à son départ; je l'accompagné dehors parce que je devais rentrer une couverture, il m'adossa au mur de la maison. J'aurais sûrement reçu mon premier baiser si, moins farouche, je me fus adroitement esquivée et rentrai vitement dans la maison. J'eus trois institutrices pour mon primaire. Marie-Thérèse Beaudry, la dame au beau collier de perles; m'enseigna la première année. Il y avait sept divisions dans la classe. L'année suivante, la classe fut scindée en deux. Une classe comprenant les trois premières divisions ou premières années et la seconde les quatre dernières. Pour la 2ième et 3ième année, j'eus Cécile Cormier comme enseignante, tandis que sa sœur Hélène enseignait dans l'autre classe. Le mur mitoyen séparant les deux classes avait en son milieu un énorme poêle en fonte qui servait à chauffer les deux classes et le haut de l'école était occupé par le logis des institutrices. Ce poêle était juché sur des pattes et l'hiver nous déposions en dessous mitaines et tuques. Ce mur troué ne favorisait pas l'insonorisation. La discipline y était telle que nous étions rarement dérangés par les bruits. Pour avoir une idée du genre d'enfants que nous étions, lors de la visite de Monsieur l'inspecteur; il nous demande combien d'orteils nous avions. Tous les élèves se regardaient et aucun ne se levait, bien que sachant la réponse. Le mot orteil nous gênât... C'est dire à quel point nous étions prudes. Finalement après beaucoup d'hésitations, j'eus le courage de donner la réponse ce qui me donna un beau livre volumineux comme récompense. C'était un condensé de plusieurs histoires; il contenait des bandes dessinées, des réflexions, différents jeux etc... etc... Je me souviens encore du nom du personnage d'un conte : Puck!!! Nous avions trois catégories de vêtements. La première était ce que maman appelait les vêtements propres, pour les sorties du dimanche. Ils n'avaient rien de bien spécial sauf qu'ils étaient peu usés parce que peu portés. La deuxième était les vêtements portés pour l'école. Toujours propres; mais plus usagés. Au retour de l'école; nous devions en changer pour la dernière catégorie, vêtements souvent rapiécés mais toujours propres. Les soirées où grand-mère et tante Joséphine venaient nous visiter furent toujours très agréables . J'aimais l'odeur que tante Joséphine dégageait . Une odeur de propreté inoubliable. J'ai en mémoire les courtes visites que nous leur faisions . Grand-mère m'intimidait beaucoup . Je me souviens surtout des rassemblements familiaux du Jour de l'An . Pour la plupart d'entre nous ; ce fut là l'unique occasion annuelle de rencontrer oncles et tantes ; cousins et cousines . Pour nos sorties dominicales ; oncle Georges en transportaient trois et le taxi Legrand se présentait pour le transport des autres. Après la messe ; oncle Georges ne fut jamais pressé de revenir chez lui . Il aimait aller placoter chez Hallé qui tenait un commerce . Le genre de commerce reste nébuleux dans ma mémoire . C'était surtout un endroit pour hommes . Nous attendions oncle Georges chez tante Marie , la sœur de papa qui demeurait juste en face de cet endroit . Cette façon de nous transporter prévalue jusqu'à ce que Marcel eut sa première auto au début des années cinquante . Novembre 1953; fut marqué par le décès de ma sœur Éliane. Elle décéda le 26 novembre après une semaine de maladie. Paralytique depuis son enfance, elle avait vécu sous les soins bienveillants de mes parents durant 17 ans . Ce fut une dure expérience à vivre. L'exposition des défunts se faisant dans les maisons familiales; ce fut très éprouvant comme situation. Notre douleur fut partagée; certes, au prix d'une exhibition pas toujours souhaitée. Les voisins et connaissances s'amenèrent à toutes heures du jour. Plusieurs découvrirent à cette occasion que mes parents s'occupaient aussi d'une autre de mes sœurs paralytique cérébrale. Ils vivaient ces épreuves sans émettre une seule plainte, courageusement et vaillamment. Quel exemple pour nous! En juin 1954; ma sœur Lucienne se maria. Au début de la soirée à la noce; le neveu du marié vint me faire une déclaration d'amour en règle en me soulignant que mon tour viendrait bientôt pour le mariage. Bien que je connaissais depuis toujours ce jeune homme, il gâcha ma soirée. Sa déclaration fit que je retournai à la maison dès que je pus. À 13 ans; je n'étais vraiment pas prête à entendre semblable propos. Fini les études, je restai à la maison et je dus seconder ma sœur Claudette dans les travaux ménagers. Maman nous faisait alterner dans les travaux. Une semaine j'étais à l'entretien ménager; l'autre aux fourneaux. À 13 ans; ce ne fut pas évident! J'oubliai souvent de nourrir le feu et le dîner fut rarement prêt à l'heure. Mon grand frère Marcel J'étais totalement nulle pour les travaux de la ferme. Les mois d'été où les occupations rurales étaient à leur plus fort; Claudette était appelée en renfort et je me tapais tout le travail de la maison. La cuisinière chauffée au bois... n'allégeait pas la tâche. Tout en vaquant aux travaux; à 1 heure p.m., je lavais la vaisselle en écoutant Raoul Follereau (l'apôtre des lépreux). Je rêvais de partir pour l'Afrique afin de soigner les lépreux. Tous les espoirs étaient encore permis de faire des choix personnels. Mon destin allait être tout à fait différent de ce que je pensais qu'il serait. Nos vies sont ce qu'elles doivent être. Ni plus; ni moins. Je connus ma première sortie pour le cinéma . Ce fut oncle Georges qui nous y emmena Claudette et moi . Nous sommes allés voir le film "Geneviève de Brabant ". La première fois que je me suis absentée de la maison pour une période qui devait être de deux semaines, fut pour un séjour chez ma sœur Lucienne. Elle attendait son premier bébé. Je m'ennuyai. Je devais rester avec eux une quinzaine. Je n'ai pas pu faire une semaine. C'était en plein hiver, en février. Mon beau-frère dû me ramener à la maison par un soir de tempête... J'étais bien honteuse de moi-même. Le 29 mai 1956; tôt le matin, j'étais à préparer le petit déjeuner quand j'entendis à la radio qu'une noyade était survenue sur le lac Lauzon, près de Blind River, Ontario. Mes deux frères, Laurent et Marcel Quelques jours après l'enterrement de Marcel, Les saisons succédaient aux saisons. L'hiver; période de dormance, nous vivions au ralenti. Maman avec ses nombreuses occupations , la tenue de maison, la couture, le tricot, le soin aux deux handicapées. Elle mettait ses enfants à l'œuvre pour suppléer son manque de temps pour voir à tout. Papa s'occupait des animaux en hibernation dans l'étable. Son travail augmentait dès le premier vêlage d'une de ses vaches. La traite du lait commençait. Au premier jour du printemps; le troupeau au complet était à traire et ça coïncidait avec la préparation de la terre pour recevoir les semences. Il avait, dès la fin mars, semé en couche chaudes les graines de concombres; tomates et autres légumes. Quand le temps plus chaud arrivait, il transplantait dans le jardin et complétait les semences. Arrivait le mois de juin et les bonnes grosses fraises qu'on devait cueillir pour la vente. Les gens des alentours se présentaient à la ferme de la fin du printemps jusqu'à tard l'automne pour l'achat de bons légumes frais. Puis venait le temps de la fenaison C'était de cette façon que se déroulait la vie agricole des années 40-50. Ni pire; ni mieux que ce que vivaient des milliers de nos contemporains. Une vie besogneuse au gré des saisons. Des dimanches qui ressemblaient à celui -ci Voilà, ce que fut ma jeunesse. Année 57;
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