Je me raconte XI

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Le début de l'année  69 se vécut paisiblement . Nous avions un tout petit Steph_1_an.jpg (214029 octets) rigolo . Papa le sortit régulièrement . Il avait l'air d'un nounours dans son habit d'hiver Steph_hiver_1.jpg (144050 octets) . Mi-février/début mars ; ça n'alla pas bien pour lui.  Il était très fiévreux . Un soir ; je le trouvai vraiment pas normal .  Il ne réagissait plus à rien.  Nous demandâmes les policiers pour le conduire à l'hôpital .  Le service ambulancier relevait d'eux à l'époque .  Plus tard en soirée, André me téléphona pour que j'entende les pleurs du petit ...  On lui fit un lavage d'estomac .  Avait-il ingurgiter quelque chose sans qu'on le vit ?  Quelques heures plus tard ; je vis entrer le papa avec fiston sur ses épaules , les joues rougies par le froid; tous les deux souriants .  Pour la nuit; je le couchai sur moi afin de pouvoir le surveiller . Au milieu de la nuit , je fus réveillée par une odeur !!!!  Il avait souillé sa couche ; ça lui montait jusqu'au milieu du dos .  Nous le nettoyâmes et nous nous rendormîmes .  Le lendemain , fiston était de bel humeur . 

Un peu plus tard arriva Laurent venu consulter en orthopédie pour un mal de dos qu'il traînait depuis un accident de travail .  On l'hospitalisa .  André se rendit le visiter et Laurent lui confia une somme d'argent à garder chez nous jusqu'à sa sortie . En revenant à la maison , André s'accrocha les pieds dans le seuil de porte d'une taverne et à son arrivée , il me remit ce qui restait de l'argent de Laurent .  Quand Laurent eut son congé , je lui expliquai ce qui était arrivé et lui jurai que son montant lui serait remboursé .  Ce que je fis au début de mois suivant .  Ce fut très difficile à vivre .  Le budget était tellement serré ... nous finissions nos mois grâce aux "batches" de fèves au lard que je faisais parce que je me tenais toujours des fèves sèches en réserve et un sac de farine et de la levure pour confectionner du pain .  Nous passâmes le mois complet à ce régime .

Quelques mois plus tard ; nous vîmes arriver Gisèle et Rémi . Elle venait pour l'examen  de contrôle annuel .  L'année précédente ; lors de son hospitalisation , le beau-frère me disait :  Que le bon Dieu me la laisse pour qu'on puisse fermer le livre !!!  Je la revis enceinte de sa dernière !!!  Ben coudon... ils avaient décidé d'écrire une nouvelle page , faut croire .  

 L'initiation du fiston à la propreté se fit ; il était content quand nous le félicitions .                               ti_gars_surpris.jpg (4473 octets)    allo_caca.jpg (29300 octets)   Quelle frimousse il avait !!!  Adorable !

L'été vint ; nous passions nos après midis dehors .  Je ne pouvais pas me rendre très loin . L'espace commun entourant les immeubles étant bien aménagé , nous nous trouvâmes un coin tranquille .  Fiston s'amusa avec le dernier cadeau de son parrain . Steph_cheval.jpg (33058 octets) La majorité du temps ; je m'assoyais sur la bordure du terre-plein derrière lui .  C'est ainsi qu'une fillette de 7 ans , Suzanne Fortin qui habitait tout près; nous vit .  Elle était complètement folle du bébé qu'était Stéphane .  Elle l'amusa .  Nous demanda de l'amener chez-elle , elle avait plusieurs frères et une sœur .  Nous permîmes pour quelques après midis pluvieux mais la majorité du temps elle l'amenait dans le terrain de jeux . Je pouvais de ma fenêtre voir le plaisir que fiston avait dans les balancelles et les divers jeux. Madame Fortin prit l'habitude de nous donner les vêtements de son dernier .  Il avait ; je crois , un an de plus que Stéphane .  Ça nous aida grandement .

 Les jours d'été, la jeunesses du HLM n'avait pas beaucoup de loisirs à leur disposition.  Il y avait de petits taquins qui s'amusaient dans les ascenseurs de l'immeuble. Un de leur plaisir était de sonner à l'appartement situé en face de l'ascenseur.  C'était notre cas.  Après un certain temps; mon mari en eut assez et se mit à faire le guet.  Ce fut difficile d'en attraper un. Il semblait être deux ou trois à faire le coup.  Un retenait la porte de l'ascenseur pour permettre à l'autre de s'y réfugier après l'acte répréhensible. Un après midi mon mari fur plus vite que le jeune et l'agrippa par un bras et le rentra dans le logis.  Inutile de dire que ses compagnons le voyant attrapé fermèrent la porte de l'ascenseur et déguerpirent.  Mon mari fit asseoir le garçonnet de 7-8 ans maximum et me regardant me dit:  Qu'est-ce qu'on fait avec?  On appelle la police?  L'administration, afin de rejoindre ses parents?  Le petit garçon tremblait comme une feuille et disait:  Non, monsieur; je vous en "soupplie", faites pas ça.  Laissez-moi partir; je ne le referai plus.  Après un bon 15-20 minutes de tortures, on le laissa filer.  Nous eûmes enfin la paix.  

Maman arriva pour une autre visite au spécialiste pour sa jambe atteinte d'ulcères variqueux .  Elle était accompagnée de Lucienne et tante Pauline .  Nous pouvions accommodé deux personnes pour le coucher . Tante Pauline partait pour ailleurs dès le lendemain ; Lucienne se fit un lit des deux coussins du divan lit .  Maman et Pauline partagèrent le divan lit .  Le lendemain soir ; Lucienne put prendre la place de tante Pauline dans le divan lit . Quand elles furent prêtes pour leur retour ; elles nous convainquirent de les accompagner pour aller passer quelques semaines parmi les miens . Nous partîmes en espérant qu'on ne perdrait pas le relogement attendu depuis la naissance du bébé .  Tous les mois en allant payer le loyer , mon mari faisait la demande de relogement .  Nous avions tellement hâte que le petit ait sa propre chambre .  Voyant que les demandes faites verbalement ne donnait pas de résultats , j'avais fait une demande écrite le mois précédent et je sentais que les choses bougeraient cette fois-ci .  Maman nous dit pour nous convaincre :  C'est le temps des vacances ... vous pouvez prendre une chance . Ça m'étonnerait qu'on vous accorde un logement durant ce temps .  Nous partîmes par autobus via Val d'Or .  C'était le premier voyage avec le petit ... et il fut malade .  Il fut pris du mal des transports .  Ce qui le suivit pendant des années .  Je dus prendre l'habitude de lui donner du Gravol avant l'embarquement pour les déplacements futurs .

Au terminus de Val d'Or ; nous décidâmes de nous rendre à pied où habitait ma sœur Claudette .  Ça ne représentait pas une très grande distance . Lucienne et mon mari trouvèrent très drôle de me voir aller ... je perdais mon jupon .  J'arrivai chez ma sœur le jupon à mi-jambe . Nous nous rendîmes à VILLE MARIE quelques jours plus tard , pour y passer une quinzaine de jours fort agréable .

Ce fut notre premier déplacement par autobus .  Ça devint notre moyen de locomotion pour les années suivantes .  Nous allâmes tous les étés ; passer une quinzaine chez mes parents .  Ce qui nous permit de visiter les uns et les autres .  Un dimanche après-midi au chalet à Noël ; au_lac.jpg (42944 octets)  au_quai.jpg (22815 octets)  sur_le_lac.jpg (99590 octets)  entre autres sorties .

À notre retour ; papa amena fiston à Terre des Hommes t_des_hommes.jpg (28002 octets)  terre_des_hommes_1.jpg (42537 octets)  terre_des_hommes_3.jpg (34313 octets)  terre_des_hommes_4.jpg (40440 octets)  .  Ils revinrent bien fatigués de leur randonnée.  Et , nous n'attendîmes pas trop longtemps pour le relogement .  Début septembre nous rentrâmes dans le logement de la rue de Maisonneuve .  Logement que nous occupâmes durant 22 ans de septembre 1969 à septembre 1991 .

J'éprouvai toujours de la difficulté à m'adapter à un nouvel espace de vie .  Chaque fois il fallut que je recrée mes habitudes pour arriver à fonctionner .  J'arrivai dans un 4½ pièces . Enfin le logement offrit une chambre exclusive pour l'enfant .  Il était temps après deux années d'attente .  Peu de temps après notre arrivée ;  nous reçûmes de la famille Masson le tricycle de leur plus jeune .  Et fiston put se promener devant l'immeuble .  Il resta craintif ; ne s'éloignant jamais de notre vue .

Nous prîmes tout l'automne pour nous installer . Repeindre tous les appartements et décorer du mieux que nous le pouvions .  Nous avons fait à notre rythme et ce fut entrecoupé par l'arrivée de maman qui vint encore consulté et fut hospitalisée dans un hôpital privé sur Sherbrooke coin St-Hubert.   Nous eûmes aussi la visite d'Henri et Rémi installés pour un temps dans le nord de la ville .  Ils suivaient des cours de perfectionnements à la centrale hydroélectrique de Rivière des Prairies . 

Mon mari tenta de se trouver un emploi.  Après maintes démarches, rien n'aboutit.  Alors comme je lui tenais la dragée haute avec l'argent du ménage (par nécessité; le budget était assez difficile à boucler, merci) et qu'il désirait avoir un peu d'argent de poche; lui vint l'idée de laisser son numéro de téléphone dans les boîtes à lettres des habitants des tours avec l'offre de coupe de cheveux.  Il avait appris la coupe de cheveu dans l'armée et il avait exercé ses talents dans les camps de la Dew Line dans le grand nord.   Il demandait deux dollars la coupe.  Il réussit ainsi à se faire une petite clientèle.  Surtout de personnes âgées et malades. Un jour, il reçut un appel d'un résident, coiffeur retraité qui le menaça de le rapporter au comité paritaire des coiffeurs/ses.  Quand il sut que c'était pour aider plus qu'autre chose il fut satisfait.  Il trouvait le coût demandé trop bas et il craignait que ça enleva des clients aux barbiers.  

Durant cette période je revis la petite sœur de l'Assomption qui me fit une visite surprise .  Elle m'arriva par une fin d'après-midi .  J'étais seule .  Mon mari n'était pas revenu d'une de ses virées coutumières dans les tavernes .  J'avais l'avant bras gauche tout bleui . Elle me regarda croyant sans doute que je me faisais battre par mon mari . Il fallut lui expliquer que c'était mon tout petit qui m'avait fait ça .  J'avais pris l'habitude de m'amuser avec le petit chaque  soir après souper .  La veille je lui avais demandé de me donner des coups de ses petits poings sur cet avant bras . Ça le faisait rire . J'aimais tellement l'entendre rire ! Comme j'ai toujours marqué au moindre coup ; le lendemain je m'éveillai avec mes bleus .  Mine de rien ; Sr Hélène s'informa de notre situation .  

J'avais un autre jeu avec mon fils.... il aimait comme tous les enfants s'amuser sur le lit .  J'allais le trouver et après un certain temps ; je voulais me lever et lui ; me retenait par le bas de ma blouse ... et me voyant retomber assise sur le bord du lit ; il riait à gorge déployé.  Il en disait des "caménés" ... petit mot qu'il employait pour souligner toutes ses émotions.

 Il aimait regarder la télé ... sa position préférée ; session_tele.jpg (19122 octets) à genoux sur les épaules de son père.  Souffrant de constipation depuis sa naissance, je devais lui donner une cuillérée à soupe d'huile minérale à la fin de la journée .  Il se rendait près de l'armoire et attendait , il avalait sans sourciller .   popa_fiston.jpg (27062 octets) Il aimait imiter papa.  Nous avions un enfant très facile .  Quand son père sortait ; s'il le voyait revenir ; il courrait à la porte lui placer ses chaussettes à l'entrée .  Papa se déchaussait avant son entrée dans le logis et il appréciait ce comportement que le petit avait développé .  ma_bercante.jpg (25936 octets) C'était l'époque où quand je lui demandais quelque chose , il me disait : attend une minute ... je vais regarder dans ma tête .  Et, là ; il levait ses yeux tellement vers le haut qu'on ne les voyait presque plus .  Il appelait le TV Hebdo : thé-verre d'eau .   Les mouches étaient des "môs". En voyant les écritures en dessous d'un bas neuf ; il me disait :  Regarde un ti-content .  Les étiquettes sur les draps ou le linge ; il appelait ça des " pias " .  Son père lui montra le salut de l'armée .  Le petit se campait devant son père et lui lâchait un :  Oui; mon coronel !!! Il appelait les Volkswagen  des "petits cassés ".  Je lui demandai de m'expliquer pourquoi et je compris que c'était parce qu'il les trouvait petits et qu'ils n'avaient pas de coffre arrière apparent .  C'était la mode des coiffures afro . Un jour ; en voyant passer quelqu'un avec cette coiffure devant notre fenêtre , son père s'exclama : regarde-moi dont ce que ça l'air ... dès l'or le petit désigna ces gens par  "les cheveux l'air". La meilleure de ses trouvailles fut sans doute de me crier dès qu'il ouvrait au laitier :  Maman ; monsieur le lait ...  (le laid ).  Monsieur Goulet ne semblait pas apprécier .  

Depuis mon mariage ; mes sorties étaient très limitée .   Je n'ai jamais pu marcher sur une très grande distance .  Ce qui fait que j'étais confinée dans le logement et aucun des logements où nous avions vécu n'avait offert de balcon .  Le seul moyen que j'avais pour prendre l'air était mes fenêtres .  Mon mari eut la merveilleuse idée de me munir d'un fauteuil roulant pour mes sorties .  Il en trouva une à la pharmacie Montréal ; à prix abordable puisqu'elle avait servi aux visiteurs de l'Expo International .  Dès lors; je pus l'accompagner dans ses sorties.   Nous fîmes nos magasinages ensemble , le petit assis sur moi .  Nous attirions le regard des autres quelque fois tant nous étions chargés, surtout les jours où nous faisions l'épicerie .  J'avais les sacs d'épicerie plein les bras et le petit se tenait debout sur les appui pieds .  Ça valait un char allégorique !!!

Plus  tôt ; à l'automne , je vis arriver ma belle-sœur Françoise .Francoise.jpg (39510 octets)   Elle vint souvent par la suite . Toujours pour des rendez-vous médicaux pour elle ou ses enfants qui parait-il avaient un problème de coagulation du sang . J'appréciai beaucoup ces visites .  Nous avons connu de ces fous rires mémorables ; surtout quand nous passions nos nuits blanches à placoter  ; laissant les enfants dormir .  

 La période des Fêtes se passa .  Sr Hélène me téléphona peu après pour me demander si quelqu'un du club Kiwanis avait communiqué avec moi avant les Fêtes .  Il n'en était rien .   Quelques jours plus tard ; je vis arrivé un monsieur les bras chargés de paquets.  Il apporta une petite traîne sauvage .  Il y en avait !!!  Avec les excuses du club de nous avoir oublié .  Des jouets Tonka ... camions, autos , un petit chien sur roues qui se faisait aller la queue dans tous les sens  , un téléphone jouet... etc... mes_amis.jpg (18625 octets)  Le peu de jouets qu'il avait se trouvait sur l'étagère et c'était plutôt maigre... mon_genie.jpg (21542 octets) Et , comme papa n'aimait pas voir les jouets traîner ; il les déplaçait à peine de l'étagère ; même qu'un après midi; nous le surprîmes couché et endormi sur la tablette du bas .

Je vécus l'hiver à ma fenêtre .  Il y avait tellement de neige !!!  Les employés déblayaient le stationnement et poussaient la neige devant nos fenêtres .  Il y en avait à l'égalité des fenêtres . En après midi ; j'envoyais le petit jouer dehors et il se promenait devant la devanture du logis .  Je le voyais disparaître de ma vue et quelques minutes plus tard il revenait et me faisait son boniment :  bonjour, madame , ça va bien ?  Il repartait pour revenir deux minutes plus tard et recommençait son boniment . Il arriva qu'un petit garçon de l'immeuble adjacent , Marino Garcia , l'accompagna .  Ça le distrayait de son manège .  Il prenait bien garde d'être longtemps éloigné de ma vue .  Heureusement !

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