Je me raconte IX

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 Septembre 1966

Bien beau parler de  mariage... cependant il y eut des démarches à faire !!!

Nous voulions un mariage des plus simples . Dans l'impossibilité où nous nous trouvions financièrement de nous offrir un grand mariage ... cette décision fut guidée par la sagesse .  La robe de mariée et tout le reste auraient été beaucoup plus encombrants qu'autre chose . J'optai pour ce que j'avais de plus présentable dans ma garde-robe . Nous souhaitions un mariage intime avec les témoins seulement .

 André connaissait le R.P. Raymond Allard , o.m.i .  Il était le curé de la paroisse  st_pierreapotre.gif (118334 octets) St-Pierre-Apôtre .  Nous prîmes rendez-vous et nous présentâmes au presbytère . Le curé me demanda un extrait de mon certificat de naissance .  Je dus en faire la demande à ma paroisse natale .   Le R.P. Maxime Sarault , en recevant ma lettre , avertit mes parents que je me mariais .  Peu de temps après , je reçus une lettre de maman qui m'annonça qu'ils désiraient assister à la cérémonie .

Du côté de la famille d'André ; M Desmarteaux exprima le souhait d'une réception , alléguant que ce serait une occasion pour lui de recevoir ses ami(e)s .  Ceci ne fit pas l'affaire d'André ; ni de sa mère et encore moins la mienne .  Aucun de nous trois osèrent s'opposer au souhait du monsieur. Nous exigeâmes que ça ne soit pas trop élaborée comme réception . Il nous répondit qu'il inviterait que ses voisins . Il habitait Fabreville depuis 3 ans ; alors ses ami(e)s voisins n'étaient pas nombreux .

Entre temps nous discutâmes de l'achat des alliances .  Nous n'avions ni l'un ni l'autre beaucoup d'argent .  André pensa à une connaissance qui travaillait chez un joaillier. Ce dernier lui permit de prendre la commission que lui concédait son patron sur ses achats. Nous prîmes rendez-vous pour rencontrer le joaillier en question . Le soir du rendez-vous ; il nous présenta des diamants de qualité ; en vrac... c'est à dire non enchâssés sur les montures et nous choisîmes un diamant blanc-bleu de 18 points , ensuite la monture en or blanc . Le coût ?  $80.00 , plus le jonc du marié.   

Je vis arriver mes parents accompagnés de tante Pauline et oncle Hervé ; la veille du mariage .  Ils avaient fait le tour de la famille .  Chacun avait contribué un montant d'argent comme cadeau de mariage .  Je l'utilisai judicieusement dans les mois qui suivirent , mais je n'y touchai pas jusqu'à ce que la nécessité vint . J'embarquai avec eux pour un après-midi de magasinage .  La température nous servit un vent du nord glacial .  Le ciel était chargé de gros nuages noirs .  

Le lendemain matin; je me rendis à l'église avec ma parenté dans l'auto d'oncle Hervé .  Peu de temps après arriva le futur marié et son beau-père .  Nous espérions beaucoup la présence de la mère d'André ; trop émotive ; elle ne put assister à la cérémonie .  Elle n'eut jamais une grande foi dans les capacités de son fils .  Surtout  dans celles de pouvoir rendre quelqu'un heureux .  Donc ; elle ne vit pas l'union d'un très bon œil .  Pourtant elle connaissait bien son fils et l'adorait dans le côté blanc de sa personnalité . C'était son côté noir , comme elle le désignait , qu'elle n'accepta jamais .  

Juste avant le début de la cérémonie célébré dans une chapelle de l'église St-Pierre-Apôtre ; nous eûmes la surprise de voir arriver le R.P. Létourneau .  Il était l'aumônier de l'hôpital de la Miséricorde situé tout près de l'église .  Les Oblats forment une famille bavarde à ce que je compris .  La bénédiction du mariage fut très simple comme souhaitée . À la signature des registres , le Père Létourneau prit André par le bras et lui dit :  C'est toute une femme que tu viens d'épouser ...  Cela me fit sourire .

mariage_coul.jpg (39651 octets)  mariage_oct_66.jpg (26936 octets)    (à la sortie de la chapelle ... la grosse assistance ) Nous filâmes ensuite vers Fabreville à la maison des parents du marié où se donna le dîner qui dura toute l'après midi .

1966-2.png (80968 octets) photo_1.jpg (31570 octets) photo_5.jpg (27540 octets) photo_6.jpg (36941 octets) (dans la cuisine des beaux-parents)

(les invités :  Père Létourneau , M Mme Bélanger , Huguette Masson , Mme Perrault , enfants : Nathalie Nassif et Christine Masson) 

monde_heureux.jpg (31702 octets) becot_titou.jpg (28399 octets) la_mariee.jpg (28198 octets) photo_2.jpg (26149 octets) photo_4.jpg (34257 octets) 1966-3.png (97847 octets) (dans le salon)

(les mêmes ... 5ième photo près de tante Pauline , Lorraine Nassif ; sœur d'Huguette Masson .)

baiser.jpg (28161 octets) embrassade.jpg (22088 octets) Herve_moi.jpg (30064 octets) ( la session d'embrassade...  beurk!!!)

Le matin ; la température était plus que fraîche . L'après midi nous eûmes la surprise de voir le mercure grimper jusqu'à 80 F .  Les quelques invités purent s'asseoir dehors .  C'était le début de l'été des indiens que nous eûmes superbe cet automne là.

                   bel_p_m.jpg (22562 octets)      Belanger.jpg (18147 octets)     

Finalement très peu d'invités . N'apparaissent pas sur la photo ; Jacques Masson et Dr Perrault .  Le tout se termina très tôt dans la soirée . 

Nous passâmes la semaine chez les parents d'André .   Une belle semaine d'automne avec plein soleil et grosse chaleur . Le mercure oscilla entre 75 à 80 F.  Au début novembre ; nous revînmes dans mon petit 1 ½  pièces .  Nous n'étions pas beaucoup plus riches . Nous décidâmes de prendre la vie au jour le jour . 

Ma voisine en face que je croisai quotidiennement durant les deux dernières années et que je saluais simplement ; fut intrigué de voir André installé à demeure et un jour elle m'accosta pour s'informer .  Je lui annonçai mon mariage et elle nous invita .  Elle y prit goût ... nous nous retrouvions chez elle 2-3 soirs semaine . Gentille septuagénaire à la retraite sans famille et qui semblait trouver le temps long .  Ce fut bon pour moi cette vieille dame .

Au début du mois de décembre ; nous eûmes la visite de Rémi .  Nous étions fort mal à l'aise de lui offrir un souper dans notre si petit logis .  Rémi plaisanta sur la situation disant que c'était idéal pour un couple de jeunes mariés  .  À ce souper ;  je ressentis des nausées en buvant ma coupe de vin .  Je mis cela sur le compte de la nervosité .  Quelques semaines plus tard ; je réalisai que j'étais enceinte .  Les parents d'André nous invitèrent à passer la période des Fêtes avec eux .  

À notre retour ; M Desmarteaux nous conduisit chez un photographe  .                                                                   Andre_67_co.jpg (58887 octets)                                  Denise_67_co.jpg (55046 octets)    

Peu de temps après je fis une première visite au département de gynécologie de l'hôpital St-Luc . On confirma mon état .  Le médecin me dit que j'étais enceinte de 3 mois .  Moi ; j'avais la certitude que je l'étais d'un mois et demi . On ne s'obstine pas avec un spécialiste même si c'est un débutant .  On me suivit de très près . Je vivais une grossesse euphorique parce que je n'avais pas beaucoup d'espoir de ce côté vu ce que j'avais vécu . Tous les mois je me rendis à mes rendez-vous .  L'assurance maladie n'étant pas encore créée; à mes visites , je ne voyais jamais le même médecin. J'eus à faire avec les internes surtout . L'infirmière m'installait sur la table d'examen et sortait laissant la porte ouverte.  Une fois; un médecin entra et me couvrit d'un drap en me disant:  c'est l'année de l'exposition internationale ?  Faudrait pas exagérer tout de même.  J'eus l'impression que l'infirmière se fit sermonner parce que les visites futures furent faites avec beaucoup plus de décorum.

Entre-temps ;  les questions existentielles me préoccupèrent .  Bien beau de vivre d'amour et d'eau fraîche , quand une autre vie se pointa , il fallut bien prévoir où la nicher .  Le petit 1½ pièces se trouva encombré . Les quelques cadeaux de noces encore dans leurs emballages occupaient le divan .  Trouver un logis et le meubler avec un revenu mensuel de $84.00 .  Ce n'était pas évident . 

En me rendant à mes rendez-vous en gynécologie , le taxi prenait la rue Sanguinet et je remarquai un quartier résidentiel .  Je demandai à André ce que s'était et il me répondit : le plan Dozois .  Je dis : qu'est-ce que c'est ?  Il répondit : un HLM .  Je trouvai ce plan bien situé et la disposition des immeubles me plurent . Il s'y trouvait plein de verdure , de fleurs , d'arbres et beaucoup d'espace gazonnée .   Je suggérai qu'on fasse une demande de logement .  L'idée ne plut pas à ma belle-maman .  Elle avait de forts préjugés sur les gens pouvant demeurer là .  Nous fîmes notre demande . La liste d'attente se trouva fort longue ... cela pouvait prendre jusqu'à un an . Dans le locatif privé , les loyers se trouvèrent hors de prix pour notre maigre budget . 

Au bout de quelques mois d'attente ; nous prîmes des renseignements et on nous référa à un organisme  qui offrait de l'aide aux gens dans le besoin en logement convenable .  Une dame fort sympathique s'occupa de nous .  

Arriva Pâques et nous allâmes visiter les parents d'André ... durant notre séjour , Blanche fut admise à l'urgence  de l'hôpital de St-Eustache .  Elle décéda d'un infarctus quelques jours plus tard . Je passai une soirée et une nuit difficile à regarder les deux hommes fouiller dans la paperasses en buvant de la bière .  Je ne vis pas Alphonse verser une seule larme au décès de sa femme. Il ne vécut pas longtemps seul ...  à l'automne , sa jeune maîtresse emménagea avec lui  et il la maria à la fin d'une année de deuil .  Ce qui mit un terme à la relation d'André et de son beau-père .

Le décès de sa mère avait réveillé les vieux démons d'André .  Il sombra dans la boisson plus que jamais .  Au retour des obsèques , en franchissant la porte de la maison , je vis sur le comptoir de la cuisine une flopée de bouteilles de boisson .  Ça m'a flanqué un coup ! Je vis qu'on se préparait à une joyeuse bacchanale .  Je fus tellement ébranlée que je dus m'aliter et le voisin de M Desmarteaux , le Dr Perrault ordonna qu'on me transfère par ambulance à l'hôpital St-Luc . À l'urgence on m'examina , je craignais de perdre le fœtus .  Une fois rassurée ; on me donna mon congé .  Mes souliers avaient été oublié à Fabreville .  Mme Dupré ; la mère de Diane Diane_Dupre.jpg (130094 octets) que j'avais fréquenté au collège Alie ; travaillait à l'urgence ce jour-là .  Elle me trouva une vieille paire de soulier et nous pûmes prendre un taxi pour le retour au logis . 

Le mois qui suivit fut pénible sur tous les plans ... dur ; dur pour la jeune vie conjugale . À la mi-juin ,  André fut ramassé par les autorités .  Il se battait avec un "ami" sur la rue .  L'Expo Universelle de 1967 ouvrait ses portes dans peu de temps et les juges ne furent pas tendres avec ceux qui ternissaient l'image de Montréal .  Plusieurs personnes passèrent l'été à l'ombre arrêtées pour une peccadille .  Il écopa de 3 mois de réclusion qu'il purgea à l'ancien manège militaire de la rue Lagauchetière . Je fus atterrée par la nouvelle .  Pas question de partager ça avec personne .  Je continuais ma correspondance avec les miens en taisant ma réalité .  Intuitivement... je savais qu'il valait mieux traverser ça seule .  Ma bonne vieille voisine me fut d'un grand secours .  Un jour; elle frappa chez moi et me vit le nez plongé dans un catalogue que maman m'avait fait parvenir quelques temps plus tôt .  Je regardais les lits de bébé .  Je les trouvais terriblement dispendieux .  La dame me dit : inquiétez-vous pas ... je vous offre ce lit .  

Arriva l'appel pour le logement en HLM .  On demanda que mon mari se présente pour la signature du bail .  J'acquiesçai et me rendit moi-même ; préférant expliquer de vive voix ma situation .  M. Desmarteaux m'accompagna .  L'administrateur fut réticent ; il consentit en m'avisant que le bail pourrait se résilier très rapidement dépendamment de la conduite de mon mari et que celui-ci devait se présenter pour la signature du bail dès son arrivée prévu pour la fin août . Nous nous rendîmes visiter le logement.  Je fus déçu qu'on m'octroya un logement avec une seule chambre à coucher . J'en fis la remarque et on me répondit :  au cas où le bébé ne vivrait pas nous jugeons préférable que vous refassiez une demande de relogement après la naissance du bébé . Très optimiste comme attitude.

J'eus encore recours à Mme Gagné , ma bonne vieille voisine pour me procurer l'ameublement requis .  Son neveu travaillait dans un magasin d'ameublement . Je lui déléguai le soin du choix et de l'achat des meubles .  Pourvu que le total ne dépassa pas le montant perçu de l'assurance vie héritée après le décès de Blanche . Soit un peu moins de $700. 

Je dus m'occuper avec l'aide de M Desmarteaux et d'Huguette Masson et son mari Jacques de mon déménagement le 20 juin . Ce jour-là ; ils arrivèrent avec des boîtes . Nous plaçâmes les effets . Il y en avait pas beaucoup . La veille Mme Gagné s'était rendu au logement pour recevoir la livraison des meubles ; un ensemble de chambre à coucher , de cuisine , un canapé-lit et une laveuse essoreuse .  Elle avait aussi ajouté son cadeau du lit de bébé.                    

 

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