Je me raconte XII

I II III IV V VI VII VIII IX X XI XIII  XIV

 

 

 

Une belle décennie commença pour moi .  Nous habitions un immeuble à six logements contrairement à l'autre immeuble qui en comptait cent huit ; je pus , avec le temps , faire connaissance des autres locataires .  Nos voisins de palier se trouvèrent être des handicapés et ils avaient une petite fille de 4 ans . Un mois après notre installation ; la dame vint me visiter .  La petite était une hyperactive .  Quand elles partirent , je dus remettre le logis à l'ordre.  La dame me dit :  maintenant c'est à votre tour de venir me visiter ...  ce que je ne fis jamais .  Inutile de dire que les relations en furent refroidies . Le deuxième étage était occupé par une veuve qui avait deux adolescentes et gardait son père octogénaire .  Nous l'avions surnommé le colonel Sanders .  Il lui ressemblait comme deux goutte d'eau .  Mon plaisir fut de le voir arriver de sa promenade quotidienne .  Dès qu'il mettait le pied sur le seuil de l'entrée , il levait la tête et me faisait un grand salut lorsqu'il me voyait à la fenêtre .  En face de leur appartement vivait une jeune famille chinoise . Deux très jolies personnes , d'une politesse exemplaire et d'une propreté remarquable .  Ils avaient 2 garçons qui avaient peu de différence d'âge et dont le plus jeune était de l'âge du nôtre .  Au dernier étage ; vivait une autre veuve avec ses deux enfants préadolescents .  La jeune fille , très timide ; était la sagesse même . Le garçon était plus turbulent . En face d'eux ; vivait une autre famille chinoise que l'on aperçut de temps à autre .  Des gens tellement timides... les 3 filles longeaient les murs pour ne pas être vues .  Les parents faisaient leurs affaires sans plus .   Cela prit un peu de temps avant que l'on puisse s'apprivoiser l'un et l'autre en tant que voisins .  La salle de lavage était située au sous-sol , et nous partagions nos deux demi journées de la semaine avec les voisins de l'appartement 4 ; donc la jeune famille chinoise . Le mari et la femme travaillant tous les deux; les enfants étaient gardés par leur grands-parents paternels .  Ils arrivaient du quartier chinois tôt le matin et repartaient en fin de journée .  Donc ; mon mari croisait le grand-mère les jours de lavage .  Elle lavait durant la matinée et bien souvent ; son lavage n'était pas terminé à 1 heures quand mon mari arrivait avec sa lessive à faire . Je ne sais pas comment ils pouvaient se comprendre .  Elle ne parlait que le chinois .  André imitait son langage et il me disait:  elle trouve ça drôle . Je lui répondais: tu l'insultes peut être avec ton baragouinage ; cherches dont . Durant cette première année ; les rapports avec les voisins furent tièdes .  J'imagine que l'on nous étudiait  tout comme nous le faisions nous mêmes et je trouvais que c'était bien ainsi .  Je n'ai jamais pu créer des liens solides avec les personnes envahissantes . 

En mars ;  Je reçois un appel de mon beau-frère Rémi .  Il est à l'emploi d'Hydro Québec et il lui arrivait de me téléphoner de son travail .  Ce soir-là; il me demande:  as-tu de la paille ...  ???  Je lui demande: pourquoi ?  Il répond : C'est pour empailler mon oncle Missoir. C'est ainsi que j'appris le décès d'oncle Georges .  Cré beau-frère !!! 

Depuis une année ; je ressentais des malaises que je mettais sur le compte de mon foie .  Je demandai une consultation à la clinique de médecine générale de l'hôpital St Luc .  On me donna un rendez-vous avec le Dr Tarte .  Tu parles d'un nom !!!  Je m'y rendis accompagnée des autres membres de la famille.  Fallait bien ... nous ne connaissions personne pour la garde du petit .  Le médecin me prescrivit des examens au cours duquel on découvrit des pierres à la vésicule biliaire . Donc; il me fallut passer au bistouri une autre fois...  Je fus opéré à St Luc début avril .  Je pus faire la différence avec mes précédents séjours dans les hôpitaux.  C'est que cette fois-ci, j'avais des responsabilités .  Un enfant de 32 mois laissé sous la responsabilité d'un irresponsable... ça me grugeait l'esprit .  Je n'avais qu'un contact téléphonique avec eux .  Les enfants n'étaient pas admis comme visiteurs à l'hôpital .  Ma chambre avait une fenêtre qui donnait sur le stationnement de l'urgence et mon mari m'avertissait de l'heure où il serait avec le petit dans le stationnement .  Qu'est-ce qu'un enfant peut comprendre de l'absence de sa mère à cet âge là ?  De ma fenêtre ; je le voyais chercher pour tenter de m'apercevoir .  Ça me crevait le cœur de le regarder faire .  J'étais encore une fois à l'hôpital ; seule mais combien inquiète cette fois . 

Un soir ; je vis arriver ma belle-sœur Françoise accompagnée de sa sœur Rita et je lui demandai si elle voulait bien se charger d'emmener le petit chez mes parents .  Elle y consentit .  Ce fut un soulagement de le savoir sous bonne garde . 

Nous étions au début de la mise en vigueur du régime assurance santé du Québec (RAMQ) et ce fut long tous les examens préalables à l'intervention chirurgicale .  J'étais hospitalisée avec une vieille personne d'au-delà de 80 ans . Elle était hospitalisée pour une fracture de la hanche .  Laide comme un puceron . Comique comme un vieux singe !  Son visage me rappelait un corbeau .  Elle se mit à me raconter sa vie ... j'étais morte de rire à ses récits.  Tellement que ça attira le personnel dans la chambre .  La vieille continuait à se raconter et tout le monde riait à se défoncer .  Quand mon mari venait me visiter ; elle nous disait :  fermez le rideau et faites ce que vous voulez  faire .  D'après ses discours ; durant son mariage , l'acte conjugal était chose très importante .  Elle avait épousé un homme plus âgé qu'elle et il semble que l'impuissance vint trop hâtivement à son goût .  Quand elle nous parlait de son mari à la peau rose comme un bébé .  Elle disait :  c'était quand j'apercevais son pauvre petit oiseau mort !!! ... c'était quelque chose . 

Ça alla ainsi jusqu'à mon retour de ma chirurgie .  Elle fut tellement déconcertée qu'elle se mit à dépérir .  Elle arrachait les aiguilles de sa perfusion .  Je la surprenait assise sur le bord de son lit voulant se rendre au toilette et elle avait une sonde dans la vessie .  Elle gueulait à longueur de jour et de nuit .  Je devais sonner le personnel pour qu'ils s'en occupent .  Ce n'était pas facile ; étant moi-même prise avec des complications .  Sur la table d'opération ; j'eus un collapsus pulmonaire .  La veille on m'avait dit que ma chirurgie se ferait vers la fin de la journée .  Je fus bien surprise de voir la civière arriver tôt le matin  .  À la salle de réveil; les premiers mots que j'entendis furent :  attention... ils ont eu de la misère avec ses poumons .  Le chirurgien , Dr Cyrille Raymond , vint me visiter à ma chambre et m'avertit :  faites vos exercices respiratoires ; sinon vous allez faire une pneumonie .   J'eus envie de lui répliquer : me la souhaitez-vous ?  .  Une vraie queue de veau, ce médecin .  Ça tenait pas en place .  Il était plus sérieux que le matin où à son arrivée dans la salle d'opération  tout  en faisant son asepsie dans le local adjacent et se frottant les mains et il me jetait un coup d'œil interrogateur .  En entrant dans la salle, il s'exclama :  tu parles d'une surprise ce matin... je m'attendais à opérer un petit vieux de 80 ans et je vois une belle jeune dame .  L'anesthésiste était un vieux bonhomme qui bougonnait parce que je n'avais pas de belles veines .  Il donnait une démonstration à des étudiants et disait : tout  un cas pour une démonstration .  Et rentrait l'aiguille et sortait l'aiguille pas très délicatement . Je me disais :  s'il peux réussir à m'endormir enfin !  Mes poumons ont bien pu éprouver des difficultés .  Je me suis endormi en retenant ma respiration tant l'anesthésiste m'agressait .

Toujours est-il ; que la nuit suivant l'opération ; je fus prise de difficulté respiratoire .  J'enlevais les sécrétions qui m'arrivèrent à la bouche avec mes deux mains que j'essuyais à même le drap et je sonnai .  Ouf!!! ça s'activa fortement .  Je vis arriver un appareil pour faire un RX ; les inhalo thérapeutes firent un travail bienfaisant et les médecins se mirent à défiler à mon chevet .   Je vis venir mon Dr Tarte tout débiné de me voir dans cet état . Je faisait une pneumonie double .  J'avais le souffle drôlement court .  J'étais intubée par une narine afin qu'on irrigue mon estomac .  On m'enleva tous ses tubes pour me permettre de mieux respirer .   Le lendemain , une infirmière qui venait d'arriver pour son quart de travail à 4 heures ; arriva à mon chevet et me dit :  la nuit dernière j'ai rêvé que vous étiez décédée .  J'étais plus combative qu'on le pensait . Je devais être hospitalisée pour une quinzaine maximum .  Je le fus pour un long mois .  Vers la fin de mon hospitalisation , un inhalothérapeute me dit :  quand je vous ai vu la première fois;  je ne pensais vraiment pas que vous survivriez tant vous étiez mal en point .  

Dès que je fus chez moi ; je téléphonai chez mes parents pour qu'on organise le retour du petit .  Ma sœur aînée , Gisèle , accompagnée de tante Pauline vinrent le reconduire pour la fête des mères. Quand elles rentrèrent dans la maison ; je demandai au petit de venir donner un bec à maman ; il me répondit en faisant la moue :  n'ai plus de maman , moi.  Il bouda pour un  temps qui dura un bon 2 semaines . 

La routine reprit son cours .  Un jour du mois de mai , vers la fin de la matinée ; nous vîmes arriver Sr Hélène toute énervée .  Elle nous demanda si je consentais à ce qu'elle m'amène à une rencontre à une salle de réunion des HJM .  Jean Vanier  20050401_jean_vanier.jpg (13592 octets),  le créateur des Arches , fils de l'ancien gouverneur général du Canada Georges Vanier ; était de passage et il désirait rencontrer les personnes du HLM .  Comme son œuvre est vouée au bien-être des personnes handicapées ; on avait pensé qu'il serait bien que ceux et celles qui habitaient aux HJM soient présents à cette rencontre . Je consens donc à l'accompagner , et je pars telle que j'étais vêtue . Je portais une robe avec un accroc bien visible sur l'abdomen .  Nous arrivons à la salle , la conférence était commencée .  Les fauteuils roulants trouvaient place tout à fait à l'avant .  En me voyant arriver ; Jean Vanier aide à insérer mon fauteuil  entre deux autres déjà en place et se penchant sur moi ; il me dit :  vous avez un merveilleux visage .  Pour qui connaît le personnage qui possédait à l'époque un physique ingrat , surtout qu'il était maigre comme un clou , la remarque ne me surpris pas tellement .  Je me dis : habitué à se voir chaque matin dans son miroir , ça ne doit pas lui prendre une beauté extraordinaire pour l'émouvoir .  Ce fut la première fois que je reçus pareille remarque sur mon visage ; mais pas la dernière . 

Le 20 juin ; ma plus jeune sœur se maria . Par ma correspondance avec ma mère , elle disait qu'il était possible que les mariés passent par Montréal dans leur voyage de noce .  Ils nous avaient été impossible d'envisager d'assister à l'événement à cause de restrictions financières. Ça occasionnait trop de dépenses pour notre maigre budget .  L'annonce de leur possible passage nous réjouissait .  Dans la matinée du 24 , le téléphone sonna .  Je répondis. Un homme était à l'appareil .  La conversation se déroula comme suit :  L'homme :  bonjour comment ça va ?  Moi : Ça va bien .  L'homme : Me reconnais-tu ?  Moi :  serais-tu François ?  L'homme :  en plein ça ... tu es bonne de me reconnaître .  Moi :  Jocelyne est avec toi ?  L'homme:  non ; elle est partie à la pharmacie s'acheter quelque chose pour ses cheveux . Je suis présentement avec une petite fille de 9 ans et elle me ---- (obscène)  J'entendis une succion .  Moi:  pensez-vous venir nous voir aujourd'hui ?  L'homme :  oui; plus tard en journée .  Moi : on vous attend pour souper .      L'homme :  on sera là vers la fin de l'après midi .  Après que j'eus raccroché , je trouvai la situation plus que bizarre .  Ma jeune sœur serait sortie seule dans une grande ville où elle venait pour la deuxième fois ?   Je racontai l'appel à André .  Lui non plus n'en revint pas .  On se disait ... que ma sœur avait marié tout un numéro .  Nous dînâmes et  nous décidâmes que nous ne recevrions pas cet homme là .  Alors nous partîmes passer l'après midi au parc Lafontaine .  Nous revînmes dans le milieu de la soirée .  Les jours suivants , l'inquiétude de les voir survenir nous rongea . Quelques semaines plus tard , nous réalisâmes que nous avions reçu un appel téléphonique obscène comme j'eus l'occasion d'en recevoir d'autres , hélas !  Seulement ; j'étais maintenant aguerrie .  Je raccrochais dès que je réalisais ce qui en était .  Je fus rassuré sur le beau-frère en question quand je reçus la nouvelle qu'ils n'étaient pas passer par Montréal .  Ouf!!! Quel soulagement !

Un après midi , étant dehors installer devant notre logis pour prendre air et soleil, on voit arrivé près de nous un gros patapouf encore aux couches .  C'est tout se qu'il portait .  Nous nous demandions à qui était cet enfant .  Il passa l'après midi près de nous. Quelques semaines plus tard , nous étions attablés pour le dîner quand il surgit près de nous   (la porte d'entrée , chez nous, n'était jamais fermée à clé , sauf durant la nuit ) alors nous lui demandons : qu'est-ce que tu viens faire ici ? Lui répond d'une grosse voix : m'en viens chercher mon frère !!! Parce que notre fils portait le même prénom que lui , il avait décidé qu'il devait être son frère .

Les soirs étaient plus frais; mon mari me poussait en fauteuil roulant et nous partions visiter le centre ville .  Un soir ; en face d'un grand magasin , je fus arrêter par une jeune femme et je reconnus une petite voisine de mon enfance au rang de la mine .  Une autre fois ; ce fut une auto patrouille de la police de Montréal qui nous suivait en longeant la chaîne de trottoir .  Je jetai finalement un coup d'œil pour m'entendre dire : serais-tu la fille de mon oncle Louis ?  Intriguée , j'examinai l'agent et reconnu Yves Thérien , fils de mon cousin Éleude Thérien. 

Nous aurions bien aimé pouvoir profiter du devant de notre logis à l'extérieur .  C'était occupé par notre voisin de palier.  Sa femme me battait froid depuis l'automne .  D'ailleurs ; je me félicitais de ne pas lui avoir rendu son invitation.  Ça nous sembla un ménage à trois . Un autre homme habitait là et quelques fois ; quand ce n'était pas coutume , ça fêtait tard .  Le mari à son accordéon , l'autre à la guitare ...  certain soir nous avions les oreilles écorchées . 

Mon homme n'aimait pas leur façon de vivre . Alors; il essayait de les éviter le plus possible.   Il rouspétait après tout un chacun .  Il trouvait la veuve du deuxième et ses filles stock up parce qu'elles ne prenaient pas la peine de lui tenir la porte d'entrée de l'immeuble quand il arrivait derrière elles les bras chargés d'épicerie . 

Fiston eut ses 3 ans . 3_ans.gif (64465 octets) et papa s'amusa à le déguiser .deguisement_1.jpg (22877 octets) deguisement_2.jpg (30839 octets) et vint l'heure du bain... 3ans_Steph.jpg (25976 octets)  .  Déjà pudique ...   Il fit tellement chaud cet été là; nous ne savions plus quoi faire pour nous rafraîchir .

Ma belle-sœur Françoise fut hospitalisée à St-Luc pour des examens.  On lui fit une pneumographie du cerveau.  Elle sortit de l'hôpital pas très en forme.  Elle avait encore de violents maux de tête.  Elle était alitée chez-nous.  J'étais allée voir comment elle allait quand j'entend les cris de mon fils qui jouait dehors.  Je me rend à la fenêtre et je le vois venir vers la maison le genou ensanglanté.  Je vais à sa rencontre.  Il s'était blessé en tombant sur un tesson de bouteille de bière dans le stationnement.  Il y jouait avec son pseudo frère, l'autre Stéphane. Il avait un morceau de peau d'un diamètre d'un bon 2 pouces de parti sur le genou.  Il fallut le transporter à l'hôpital pour des points de suture.  Le service policier faisait état d'ambulanciers a l'époque; donc ce sont eux qui reconduisirent mon mari et mon fils à l'hôpital Ste Jeanne d'Arc.  En partant, le petit criait:  je veux ma peau... allez chercher ma peau.  Les policiers rirent de sa réaction.  Il revint avec 5-6 points de suture.  Il resta avec une belle cicatrice comme souvenir de cet incident.

Nous  avions  régulièrement la visite de Rémi et Gisèle . Pendant que Rémi assistait au congrès des commissions scolaires , Gisèle restait avec nous .  C'était l'époque où nous tenions l'auberge Boisbriand .  Pour nous remercier, ils nous prièrent de les accompagner dans une des virées du beau-frère .  Il joignait toujours l'utile à l'agréable celui-là .  Il profitait de ses séjours en ville pour faire la tournée de ses fournisseurs en accessoires pour électricien , métier qu'il pratiquait en plus de son emploi régulier à Hydro Québec .  Cette fois-là ,  ils nous emmenèrent manger à un restaurent sur la Plazza St Hubert .  C'était un restaurant grec .  La musique thème du film Zorba le Grec jouait .  Mon mari se met à danser le sirtaki en entrant .  Le personnel et nous-mêmes en étions ébahis .  Le soir , nous conduisîmes le petit chez Mme Fortin qui consentit à le garder pour la durée de la représentation du film "Les deux femmes en or" qui était à l'affiche du cinéma St Denis tout près .  Nous avons bien apprécié .  

Début septembre , mon mari sorti avec le petit pour lui faire prendre l'air .  Les deux jeunes filles de #3 jouaient au tennis devant l'immeuble .  La dame Eliane_Asselin.jpg (14461 octets) (Éliane Guilmain) dut craindre pour ses filles parce qu'elle descendit .  Mon mari lui parla et un peu plus tard , il vint me la présenter .   Par la fenêtre; elle dit à ses filles :  venez faire connaissance avec madame . Depuis le temps que vous dites qu'elle a l'air bonLise_Asselin.jpg (11735 octets)  (Lise et Nicole Asselin)      .

Arriva la crise d'octobre 70 .  Quand on annonça l'arrivée de l'armée ; nous décidâmes d'aller passer le mois chez mes parents .  Quelle fut leur surprise de nous voir arriver sans avoir prévenu de notre visite .  Nous revînmes vers la fin du mois et nous terminâmes l'année avec l'incendie du logement de notre voisin de palier.  Le samedi soir entre Noël et le Jour de l'An , nous étions à regarder l'émission Jeunesse d'aujourd'hui quand je sentis une odeur de brûlé .  Comme mon mari fumait et qu'il me tiraillait sur le divan du salon , je lui dit:  arrête ça; tu vas mettre le feu au divan .  Tout à coup ; nous entendîmes quelqu'un qui frappait très fort dans la porte du voisin.  Comme nous les savions à l'extérieur de la ville pour le temps des Fêtes ; mon mari pensa que c'était des voleurs .  Il se leva vitement pour aller vérifier en ouvrant la porte et juste à ce moment le type était parvenu à défoncer la porte du voisin et l'on vit le feu. L'appartement était embrasé .   Les pompiers arrivèrent et voulurent que nous sortions dehors.  Il faisait un froid de canard .  Vu mon état d'handicapée ; les logements étant construit en béton armé , ils consentirent qu'on l'on resta dans le logis en nous demandant toutefois de laisser les fenêtres ouvertes et de nous vêtir chaudement .  Ce qu'on fit .  Une fois l'incendie maîtrisé , ils s'alimentèrent en électricité par notre logement .  Ils nous posèrent quelques questions parce qu'ils avaient détecté la présence d'un accélérant . Quelques jours auparavant , le monsieur était venu nous emprunter un tournevis pour enlever les poignées des bureaux qu'il voulait décaper.   Il avait dû laisser des chiffons imbiber près d'une lampe qu'il laissa allumer durant leur absence ce qui avait dû provoquer l'incendie .  Cette famille déménagea dans un autre HLM ; dans le quartier St Henri . Un couple de personnes âgées et leur fils de 21 ans , grand rouquin poète et bohème, vinrent habiter l'appartement 2 .  

Nous passâmes un hiver calme .  Je me présentais une fois par mois à mes rendez-vous chez le Dr Tarte .  Nous eûmes les visites de Françoise qui vint avec ses enfants qui présentaient un problème avec leur sang qui ne coagulait pas normalement .  J'en entendis parler de taux de prothrombine !!!    Une fois je décidai de la prendre en photo .  Elle prenait la pose et je lui dis :  s'il te plait ; reste naturelle .  Elle fit une de ces moues ... je cliquai sur le champ . Ce qui eut pour résultat ceci . la_belle_soeur.gif (165978 octets) 

 L'hiver continua .  J'étais perdu avec les gros tas de neige qu'on avait poussé devant ma fenêtre .  Je ne voyais strictement rien d'autres que les personnes arrivant sur le palier de la porte d'entrée extérieure . Mes sorties se limitaient à ma visite mensuelle au Dr Tarte qui continua à surveiller ma santé .  Je n'avais pas tellement de rapport avec les voisins .  Des salutations de part et d'autres quand il arrivait que ma porte d'entrée fut ouverte et qu'ils allaient au sous-sol.  

André dut être hospitalisé d'urgence .  Il se présenta à l'urgence pour des hémorroïdes .  Elles étaient thrombosées .  Il fallait qu'elles soient enlevées .  Ce fut pour moi une première expérience d'être seule avec un tout petit et de trouver un moyen de liaison avec l'extérieur .  La relation avec les voisins d'en haut était trop récente pour que je demande des services quoiqu'elles me les avaient offerts dès qu'elles apprirent que j'étais seule. Heureusement, l'hospitalisation ne fut que de quelques jours.

Depuis notre mariage , Huguette Masson venait nous rendre visite une fois par mois .  Elle était alcoolique et dès son entrée dans la maison, elle demandait de la bière . Nous n'en avions jamais à la maison , pour cause !!!  Mon mari disait toujours :  une bouteille pour moi, c'est trop et une caisse ce n'est pas assez .  Si j'avais de la difficulté à lui faire avouer son problème , cette phrase de sa part disait tout .  Alors les visites de "Laguette" , comme il l'appelait , était prétexte à une soûlerie; et ils rabâchaient leur passé .  C'était d'un tel ennui pour moi qui ne buvais pas une goutte.  J'avais toutes les misères du monde à les tolérer.  Un jour ; elle téléphona à sa sœur aussi alcoolique ; celle-ci demanda qu'on se rende chez-elle.  Elle demeurait dans le quartier Bordeaux .  Elle consentit à payer le taxi et nous voilà parti .  Rendu là ; ils en étaient à la Vodka .  La dame divorcée d'un homme qui était concessionnaire d'autos , avait les moyens financiers pour ne pas se limiter à de la petite bière .  Vers la fin de l'après-midi , tout ce beau monde était plus que guilleret .  Lorraine trouvait André trop bavard , elle lui dit carrément de se fermer la gueule ; mon autre perd pas une seconde et lui fout un coup de poing au visage .  Ouf !!!   Quand il réalisa son geste , il s'en alla nous laissant le petit et moi avec les 2 femmes .  J'étais fort mal à l'aise .  J'étais sur le point de commander un taxi quand ça sonna à la porte .  André revenait nous chercher.  Ce fut le dernière fois que je vis "Laguette" ...  Elle ne nous donna plus jamais signe de vie .  André la croisa au décès de M Desmarteaux en 74 et il la revit en 94 ,à un salon mortuaire, lors du décès de Mme Pétri .  

J'avais commencé à faire le ménage dans ses relations amicales .  À vrai dire; il n'avait pas beaucoup d'amis véritables .  Que des copains de beuveries .  Je me suis très vite lassée de passer des soirées entières à les voir s'enivrer . D'autant que quelques uns me faisaient des avances sexuelles... ils essuyaient de méchantes rebuffades.   Néanmoins; il me fallait être discrète dans ma façon de les éconduire sinon mon mari aurait réagi de façon brutale.  Ça aurait occasionné un méchant grabuge.  Je fis de telle sorte que les copains comprirent assez rapidement qu'ils n'étaient pas les bienvenus.  Ce qui m'aida ; les plus assidus décédèrent un après l'autre. Ceci n'empêcha nullement mon homme de fréquenter les tavernes .  Pour faire une histoire courte de son alcoolisme, il ne pouvait rarement faire plus de cinq jours s'en se soûler . Les lendemains; rongé par le remord , il pouvait nous décrocher la lune .  Si adorable à jeun et si exécrable en boisson .  Blanc et noir comme le disait si bien sa mère .  Une fois que j'eus fait le ménage dans ses relations; ses excès devinrent pour moi qu'une mauvaise soirée à vivre aux cinq jours et quelques fois moins. Je me disais toujours:  il y a 7 jours dans une semaine.  Vaut mieux qu'il ne dépasse pas 4 jours de beuverie.  S'il le fait, je le laisse.  Ça ne s'est jamais produit.  Heureusement parce que j'adorais l'homme qu'il était à jeun.  Mais quelles soirées quand il revenait pris de boisson!!!  Parfois c'était calme , d'autres ... où il mettait sa musique sur le tourne-disques et prenait un chaudron qu'il installait entre ses genoux et s'en servait comme drums ... lui.gif (69813 octets)  ou, il s'amusait à claquer les portes d'armoires à tout volée; ou encore à me dire de me taire quand je parlais, me voyant silencieuse il disait:  tu parles pas? T'as le feu?;  d'arrêter de me bercer; etc... etc...  Je trouvais la soirée longuette. Ou; il se faisait un lunch... en faisant énormément de dégâts.  Je laissais la cuisine telle qu'il l'avait salie et le lendemain il voyait ce qu'il en avait fait.  Il se mettait dare-dare au nettoyage dès qu'il sortait de la salle de bain. Certaines fois; il tombait par terre dès qu'il ouvrait la porte d'entrée.  Il en avait pour une couple d'heures à rester là.  Quand il reprenait ses esprits, il réussissait à se lever et à gagner le bain où il restait encore une couple d'heures.  Après il était bon pour une nuit de sommeil.  Son problème lui apporta beaucoup de complications de toutes sortes; des problèmes de santé; il développa des ulcères au duodénum. Son comportement créa des conflits avec les voisins et avec moi.   Les effets de la boisson le rendaient insupportable pour tout le monde.  Il avait tendance à aller visiter les voisins à son retour des tavernes et personne n'appréciait ses visites.  Les jours suivants; les voisins s'en plaignaient à moi...  ça dura jusqu'à ce que je leur dise que je n'avais aucun contrôle sur la conduite de mon mari et qu'ils adressent leurs plaintes directement à lui; et surtout de ne pas le recevoir quand il était dans cet état.  

Au début des années 70, nous recevions les gens qui venaient pour des examens médicaux.  D'abord les membres de ma famille; et ensuite la femme d'un petit cousin habitant Val d'Or . Ma sœur Claudette lui avait suggéré notre adresse.  Elle vint quelques fois avec son petit garçon.  Ça nous embêtait quelque peu le séjour de ces gens.  Nous avions un budget familial très serré; et nous fûmes dans la gène bien des fin de mois.  Malgré tout ces visites nous firent bien plaisir.

 

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