Je me raconte V

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Mon retour à l'Hôtel Dieu fut bien accueilli par le personnel hospitalier.  Installée temporairement dans une chambre privée, je reçus la visite de plusieurs infirmières.   Elles venaient fumer à l'insu de Sœur ST JEAN.  Cette dernière me rendit visite aussi et m'envoya plusieurs patientes nouvellement arrivées.  Je reçus les confidences de plusieurs.  J'avais un visage qui attirait les confidences  à ce qu'il parait!  Je fus bien désemparée quand certaines me demandèrent conseils.  Une avait un goitre énorme et craignait l'intervention chirurgicale.  Je ne sus que lui dire.  Une autre devait se faire enlever les seins à cause d'un cancer et me demanda comment son mari réagirait!!!    Comment pouvais-je répondre?  J'avais vingt ans !  Je priai Dieu de m'inspirer! 

Au bout de quelques jours, je fus transféré dans une salle et on m'enleva finalement tous mes plâtres  .  Le chirurgien jugea la manipulation du bras potentiellement trop douloureuse, on le fit sous anesthésie générale.  Je revins encore malade des suites de l'anesthésie et le bras pris dans une espèce de prothèse.  La toilette fut plus longue à faire le matin. Mais quel bienfait après quatre mois de pouvoir laver mes jambes.  Quelques jours plus tard, le médecin revint enlever ma prothèse et constata que la chirurgie était réussie. 

Les rénovations de la salle STE VIERGE terminées, je retrouvai le lit qui fut mien à mon arrivée à l'hôpital au printemps.  On commença la physiothérapie.  Mon genou droit ne pliait  toujours pas et surtout, travailler une façon qui pourrait faire que je me levasse sans aide d'une chaise.  On commença les exercices au service de physiothérapie de l'Hôtel Dieu.  On constata  que les résultats tarderaient trop.  On décida de mon transfert à l'Institut de Réhabilitation. 

Fin octobre 1961 ; je retrouvai une salles de dix lits à l'Institut de Réhabilitation.  Semblable à celle du printemps 60 , mais dans une aile différente du Montreal Convalescent Hospital. L'aile sud-ouest étant en rénovation.  La disposition des lits était en tout point pareil à ceux de l'aile sud-ouest , sauf que la porte se trouvait être une porte double fermant en son milieu si bien qu'une fois ouverte , on avait une vue de tout ce qui se passait dans le passage.  Mon lit se trouvait au fond de la salle; j'avais une vue direct sur le grand passage quand je me trouvais assise dans mon fauteuil.

Le lendemain ; je fus examiné par le Dr Talbot qui prescrivit un programme d'exercices dont le plus important étant de pratiquer diverses façons de me lever d'une chaise.  On essaya bien des manières et je n'y arrivais toujours pas.  On me fit pratiquer dans une piscine ; l'eau aidant , j'y arrivai.  Ce fut de longues séances de pratique , mais dès qu'on essayait hors de l'eau , c'était impossible.  On m'apporta une chaise surélevée sur des blocs de bois. Je réussis à me lever.  Ce fut encore de longues séances de pratique.  J'étais toujours incapable de me lever sur une chaise conventionnelle.

J'avais d'autres exercices à faire aussi afin de renforcir mes muscles et de gagner quelques degrés à l'articulation de mon genou droit.  Mes journées furent quand même moins remplies que lors de mon précédent séjour à l'été 60.

Une après-midi maussade de fin de novembre ; nous voyons venir dans le passage des ambulanciers poussant une civière .  Ils étaient accompagnés de deux messieurs.  .  En les voyant; je murmure:  je connais ce monsieur.  Ma voisine de lit; très fortement handicapée, partit vers la porte.  Je sus en voyant arriver M. Desmarteaux, qu'elle avait entendu ce que j'avais murmuré.  Il arrive près de moi et me dit:  vous me connaissez ?  Moi; je répond:  non; pas vous; l'autre monsieur qui vous accompagne.  À l'évidence; je connaissais M. Desmarteaux.  Qui n'eut pas reconnu l'artiste qui interprétait le rôle du curé Labelle dans les Belles Histoires ?  Il est reparti vers la chambre privée où venait d'être admise sa conjointe belle_maman.jpg (8418 octets) .  Quelques minutes plus tard, je vis arrivé l'autre monsieur venant s'enquérir  où nous avions pu nous connaître.  Je lui relatai nos admissions à l'Institut en avril 1960 et il admit qu'il y avait fait un bref séjour.

Dès lors, toutes les fois qu'il rendait visite à sa mère, il passait plus de temps avec moi qu'avec elle.  Je ne savais plus quoi faire pour l'éloigner.  Quand l'heure des visites venait, je me trouvais toutes sortes d'occupations.  Je lavais mon linge au lavabo; je repassais, me lavais les cheveux; reprisais mon linge, etc... etc... Je fus même pour une bonne période de temps attirée par la récitation du chapelet qu'écoutait religieusement ma voisine de lit. Je fis vraiment tout pour l'éloigner.  Rien n'y fit.  Je le vis arriver et il me demanda de recoudre ses gants de cuir.  Je m'exécutai.  Plus rusé que je pouvais l'être; il entreprit de m'amener de ses vêtements qui avaient besoin de quelques reprises ou de la pose d'un bouton.  Enfin ;tout pour se faire admettre auprès de moi.  Il me faisait penser au vieux Nanne de mon enfance.  Tous les soirs je le voyais arriver.

En descendant à la physio pour mes exercices, en passant devant la chambre de la dame, j'y jetais un coup d'œil.  Elle avait l'air mal en forme. Elle avait vécu un accident cérébral vasculaire grave.  Elle était aphasique.  Elle devait réapprendre à se mouvoir et à parler.  Un jour, elle me fit signe d'aller la voir.  Je pénétrai dans la chambre bien timidement.  Elle était seule.  Tout ce qu'elle réussit à me dire fut:  André, noir pis blanc.  Je n'y portai pas plus attention que ça, parce que son fils ne m'intéressait pas plus qu'il le fallait.  Parce que je le devinais beaucoup plus âgé que moi et que sa présence assidue m'importunait plus qu'autre chose.

A la mi-décembre, nous fûmes tous transférées dans l'aile fraîchement rénovée.  Je retrouvais les lieux où j'avais séjourné en 60.  La dame en question occupait une chambre privée en biais avec la salle où je me trouvais.  Elle commençait à se débrouiller pour ses besoins quotidiens et je dois dire qu'elle me demanda souvent mon aide pour se vêtir.  Je complétais ce qu'elle ne pouvait achever.

Finalement la période des Fêtes arriva et on me donna mon congé.  Mes parents s'organisèrent pour venir me chercher encore une fois.  Le voyagement devait commencer à leur peser; d'autant plus que je devais revenir pour un rendez-vous début janvier avec le Dr Gariépy de l'Hôtel-Dieu.  Je partis et j'eus la surprise en disant au revoir à la famille Desmarteaux de recevoir la demande d'André de correspondre avec lui.  Sa demande m'intrigua.  Je me questionnai sur ce qui pouvait bien l'attirer chez-moi.  Je lui laissai mon adresse et je reçus une lettre de lui début janvier.

Quand le jour de mon retour vint.  Mes parents s'organisèrent pour que je fasse le trajet en autobus.  Ils demandèrent à tante Pauline de m'accompagner.  Ils me reconduisirent chez tante Pauline qui demeurait à Rouyn.  Nous devions prendre l'autobus de 23 heures.  Entre-temps, j'appris les hauts et les bas de la vie conjugale de tante Pauline et oncle Hervé.  J'appréhendais le voyage en autobus.  Ce fut mon initiation à ce moyen de transport.  Le voyage se passa relativement bien.  Nous nous présentâmes au rendez-vous où il fit décidé que je serais à nouveau opérer pour le flexion de mon genou.  Nous nous réfugiâmes encore une fois chez Gertrude Vaillant.  L'attente fut cependant beaucoup moins longue.  Le Dr Gariépy devait manquer ma présence pour ses démos à l'auditorium. Il m'y fit venir tellement souvent durant les trois mois que dura mon hospitalisation qu'il finit par me dire que je méritais un diplôme universitaire pour ma bonne collaboration.

J'eus trois chirurgie à mon genou.  Une décapsulation suivi d'un temps de plâtre , et de quelques semaines de physiothérapie.  Ça n'aida pas beaucoup plus la flexion.  On me décrivit la prochaine intervention.. je ne compris rien à l'affaire.  Je vis après qu'on m'avait entailler de chaque côté du genou .  Incision à l'arrière du genou pour la décapsulation et une de chaque côté du genou sur le devant.  Encore un temps alloué à la cicatrisation suivi de séances de physiothérapie.  Cette seconde intervention me fit gagner quelques degrés mais pas suffisamment satisfaisant pour le Dr Gariépy.  Il fit une dernière opération , cette fois il m'entailla dans l'aine. Je ne saisis pas en quoi consistait l'intervention ; mais le but étant d'affaiblir les tendons . De quelle façon?  Ce ne fut jamais clair pour moi.  Seul le résultat m'intéressait.

Je restai hospitalisé jusqu'au début avril . Tout le temps de mon hospitalisation , je recevais des lettres de mon correspondant; mais jamais il ne daigna me faire une petite visite. J'eus seulement mes amies de la cuisine qui venaient me voir.  Elles y travaillaient les fins de semaine et jours fériés contrairement à l'été précédent à cause de leurs études. Ces jeunes amies m'organisèrent une petite fête avant mon départ et en profitèrent pour souligner mon 21ième anniversaire qui venait dans les premiers jours d'avril.  La jeune Sœur Claire m'avait fait fabriquer un beau et bon gâteau anniversaire.  Nous nous retrouvâmes dans une salle du pavillon Le Royer et y passâmes un très joyeux après midi.

Le médecin constata qu'il me fallait beaucoup trop de physiothérapie pour que ça se fasse à l'Hôtel Dieu.  On me transféra encore une fois à l'Institut de Réhabilitation qui était depuis peu dans le nouvel immeuble tout neuf sur la rue Darlington. On m'y examina ; et je ne sais pas diable pourquoi ; le Dr Mongeau décréta que j'avais besoin de me faire désintoxiquer !!!  Je la trouvai bonne celle-là !  Il me dit:  fais venir tes parents ; j'ai à leur parler.  En entendant je t'hospitalise au Montreal Convalescent Hospital.  On m'y conduisit.  C'était tout près.  Le soir,  je téléphonai chez oncle Albert Thérrien pour qu'il aille faire le message à mes parents.  Le téléphone n'étant toujours pas de service au rang de la mine!    Durant l'attente, je passai le temps comme je pus.  Je téléphonai à Micheline Rousseau qui m'annonça son mariage avec son Jean-Louis à l'été. 

L'arrivée des parents n'a pas tellement traîné parce que j'avais quitté l'Hôtel-Dieu le 2 avril ; et j'étais dans la famille pour mon anniversaire. On m'avait fixé un rendez-vous pour le début septembre 1962.

Je passai l'été en me divertissant comme à l'accoutumée.  Néanmoins j'arrivais à aider un  peu.  Je confectionnai des gâteaux, épluchai les légumes, lavai ou essuyai la vaisselle, etc... etc... Je me rendis utile du mieux que je pus, comme je l'avais fait lors de mon précédent passage.  Je continuai ma correspondance avec mes amies et mon nouvel ami.  Toujours aussi circonspect quant à l'intérêt de ce dernier.

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