Je me raconte VIII I II III IV V VI VII IX X XI XII XIII XIV
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Juillet 64 à juillet 66 . Les deux mois d'été chez mes parents furent marqués par tout le chambardement qu'amena le mariage de René début septembre . Mes parents cédèrent la terre à ce dernier ; ce qui bouleversa la vie de ceux qui devaient quitter l'endroit qu'ils avaient toujours connu . Papa avait acheté une vieille maison au village . Mes sœurs furent attristées de voir l'état intérieur des nouveaux lieux . L'extérieur ne payait pas de mine non plus . Une fois rénovée ; elle avait un certain cachet . Mes sœurs et moi emménageâmes vers la mi-août . Les parents suivirent seulement après les noces du 2 septembre . Ce fut un été de grand dérangement . Mes parents habitaient l'endroit depuis 1940 . Ce coin de terre fut l'œuvre de mon père . J'assistai au mariage . J'évitai la noce ; les grands rassemblements m'ennuyaient . Je n'avais pas la mobilité requise pour y trouver du plaisir . Quelques jours après ; je revins à Montréal . Je profitai de l'offre que mon beau-frère Rémi me fit ; lui et Gisèle partaient faire la tournée de sa parenté qui résidait dans l'Outaouais ontarien . Nous allâmes couché chez ses parents qui demeuraient à St-Pascal-Baylon , tout près d'Ottawa . Le lendemain ; la mère de Rémi fit le trajet avec nous . Elle désirait visiter ses trois fils qui demeuraient dans la région montréalaise . Ce fut un bien beau bout de route... à répondre au chapelet ! Rémi et sa mère occupèrent le siège avant ; Gisèle et moi celui d'arrière . Gisèle répondait en me faisant des . Nous retenions un fou rire ... Ils me laissèrent encore une fois chez Gertrude . Par sa correspondance de l'été ; je savais André hospitalisé suite à une embolie pulmonaire . Il avait vécu un été pénible . Sa mère avait quitté Montréal pour s'installer dans une toute nouvelle maison que son mari avait acheté à Fabreville . Pour lui , qui avait toujours vécu collé à maman ; sauf pour la période de la dernière guerre et son exil dans le grand nord pour la construction de la ligne Dew ; l'éloignement fut difficile à accepter . Tout au long de l'été j'avais accueilli ses doléances par ses lettres . La mère et le fils avaient une relation en dents de scie . Beaucoup attaché l'un à l'autre . La mère avait de la misère à accepter les défauts de son fils , hérités de son père . Et le beau-père ne facilitait pas la relation mère fils . Je fus loin d'être insensible à ses malheurs. Je pris conscience que : comme dit si bien la chanson ... Insensiblement ; il s'était glissé dans ma vie . Le lendemain ; je me rendis le visiter à l'hôpital ; il s'attendait à avoir son congé sous peu et il me sembla en assez bonne forme . Je repris mes cours au collège Lecavalier-Larocque . J'appris , peu après , mon transfert au collège Alie sur la rue Sherbrooke ; juste en biais de l'hôpital Pasteur . On fermait le collège Lecavalier-Larocque ... J'eus l'impression que le ministère de l'Éducation avait enquêté sur les résultats obtenus des élèves . Malgré mes demandes répétées ; je ne réussis jamais à obtenir le résultat de mes examens de fin d'année de l'année précédente . Au collège Alie ; je réalisai que c'était plus sérieux comme enseignement . On exigea une carte d'identité pour les étudiants. À la fin du premier trimestre ; je retrouvai des notes plus conformes à mes talents réels , s'échelonnant entre 75 % et 90 % . Je me reconnus , enfin ! Il me fallut trouver un logement . Je louai un petit 1½ pièces , meublé ; sur la rue St Denis près de Sherbrooke . Je venais de doubler mon espace vital comparé à l'année précédente . Ce meublé possédait une petite chambre de bain ; un encoignure où était placé l'armoire ; un petit réchaud au gaz et un tout petit frigo . ( photographiée aux 4 coins de ma pièce ; coin salle à dîner ; coin garde-robe ; coin cuisine et coin porte d'entrée . Les deux portes derrière moi ; dissimulaient le lit ... et oui ; un dispositif permettait de relever le lit derrière ces portes . ) J'appréciai vraiment ce petit meublé . Je m'y sentis chez moi . Mes journées s'avérèrent très longues à cause du transport . Le chauffeur était chez moi entre 6½ heures 7 heures . Nous montions dans le nord de la ville où embarquait Josée Mignaca , une italienne ; descendions à ville St-Michel pour embarquer Michel ... ensuite filions prendre Angéline Kotsos près du cimetière de l'Est ; revenions coin Hochelaga/Sheppard embarquer Noëlla Desrosiers et faire demi-tour vers le collège Alie sur Wurtelle . Nous devions être rendue pour 8½ heures . La journée terminée à 4½heures ; nous refaisions le chemin inverse . Donc, j'étais la première embarquée le matin et la dernière débarquée le soir . J'arrivais rarement avant 6 heures . La journée à ce collège demandait beaucoup de dépenses physiques . Nous devions changer de locaux pour chaque matière . Les battements entre les cours n'étaient pas longs ; à peine le temps de prendre l'ascenseur et se rendre à la classe désignée et le cours commençait . Très souvent je devais pousser le fauteuil roulant de Noëlla . Elle était très dépendante des uns et des autres et je fus souvent désignée pour l'emploi . ( Je dînais sur place . Ici avec Noëlla et Angéline) (La classe sténo-dactylo. Prof: Mme Archambeault) . Quelques incidents marquèrent ces deux années . Il se tint une clinique de la Croix Rouge au collège . Je me fis apostrophé par le prof de dactylo . "Tu es la seule élève de ma classe en âge de donner du sang ; et tu sembles trop peureuse pour y aller ." Ce n'était pas la peur qui agissait chez moi. Piqué au vif , je me rendis à la clinique et revins une demie heure plus tard . J'avais deux petites ouates retenues par un diachylon à chaque bras . J'exhibai mes bras et dis au prof : j'en ai donné assez à votre goût? Dans les faits ; les infirmières tentèrent par quatre fois d'insérer une aiguille et déclarèrent forfait . On réussit à soutirer quelques cc ; l'aiguille se déplaça et l'infirmière me congédia . C'est ce qui me faisait hésiter à me présenter à cette clinique . Je savais pertinemment les difficultés lors de mes hospitalisations antérieures . J'avais tout de même satisfait le prof . Une autre fois ; ne voulant pas traîner mon gros sac pour me rendre à la toilette adaptée , je demande aux trois filles qui étaient dans le local et que je connaissais bien soit Angéline , Noëlla et Diane Dupré de le surveiller . En revenant ; je vérifie et mon porte-monnaie s'était envolé . La direction du collège venait de me remettre l'argent pour faire mon mois . J'ai passé un mois difficile . Quand cela arriva ; j'allai faire rapport à la direction et expliquai la situation dans laquelle je me trouvais . Ils ont eu la générosité de m'offrir gratuitement le repas chaud de la cafétéria au dîner pour tout le mois . Je vis arriver André et M. Desmarteaux avec une épicerie énorme . Je fis patienter la concierge pour le paiement de l'appartement jusqu'au mois suivant . Mon orgueil en prit un coup ... je ne revis pas la couleur de mon argent et je soupçonnai les filles de ma classe , ou seulement une , d'avoir fait le coup . Comment savoir la vérité ? Durant ces années ; j'acceptai quelques invitations . La première année ; je me rendis chez Noëlla qui demeurait sur St-Denis près de Bélanger . J'y passé le samedi après-midi et dès après le souper je regagnai mon domicile . J'allai passer quelques week-end chez les Desmarteaux à Fabreville . J'acceptai l'invitation à souper d'Angéline . Je débarquai chez elle un vendredi après les cours et son père chauffeur de taxi vint me reconduire en fin de soirée . Enfin ; j'allai chez les Dupré ; les parents de Diane , chez qui demeurait Noëlla pour la deuxième année de cours . J'y soupai ; j'y passai la nuit et repartis avec les filles le lendemain matin pour le collège et revins chez moi le soir . J'étais fort mal à l'aise lors de ces sorties parce que je ne pouvais rendre les invitations. N'ayant ni les moyens ; ni l'espace nécessaire pour le faire . Quand arriva le congé pascal de 1966 ; André émit le souhait de rencontrer ma famille. Avait-il des idées ? Nous avons fait le voyage . Il se disait fort mal à l'aise . Je pense que les miens surent le rassurer . Tout se passa bien . Il revint enchanté d'avoir fait la connaissance de tout ce beau monde . J'obtins des résultats satisfaisants dans les matières pour les deux années . Pour l'examen final ; je dus contacter le Dr Talbot afin d'obtenir une exemption pour la dactylo. Nous devions faire 80 mots/minute afin d'obtenir une note passable . Mes doigts devenaient crampés et me faisait perdre de précieuses minutes . Le prof me suggéra la demande d'exemption parce qu'il trouva dommage que je n'obtins pas mon certificat pour une raison incontrôlable de ma part . Le collège garantissait le placement de tous ses élèves à la fin des études . La plupart des filles obtinrent un poste comme secrétaire dans des bureaux d'affaires ou dans des études de notaires ou avocats . Angéline et moi , qui étions premières de classe eurent comme offre d'emploi , Angeline se vit offrir répartitrice dans une compagnie de taxis , et moi ; on m'offrit un emploi dans un presbytère à $35.00/semaine ! J'allai passé une semaine chez les Desmarteaux ; ( moi et les deux hommes de la place , André et M Desmarteaux.) Je décidai d'aller passer quelques temps chez mes parents et de voir si je ne pourrais pas me caser à l'hôpital de l'endroit . J'arrivai toute bronzée ... . Mais voilà ... à l'été 66 , les hôpitaux subirent la grève de leurs employés . Début septembre ; l'impatience me prit et je cédai aux appels d'André . Cet été là nous permit de mesurer l'ampleur de nos sentiments . Je revins avec l'espoir de me dénicher un emploi et ce ne fut pas évident . Le mouvement de la libération de la femme ne se pointait même pas à l'horizon et pour une femme ayant un handicap ... la tâche s'avéra pleine de difficultés . Si bien que je me décidai et j'acceptai de me marier . Nous fixâmes la date au 22 octobre 1966 . |