Je me raconte XXIII

XXII

 On ne peut effacer le passé, ni le tuer ou le balayer hors de son existence.  Pas plus qu'on ne peut ignorer le présent ou changer ce qui vient.  Nous sommes tous piégés dans le cycle du temps, tournant autour de l'axe des jours passés.  Et parfois ce passé est assez fort, assez déterminé pour vous aspirer en arrière, quel que soit la force avec laquelle vous vous débattez.

Pour la première fois depuis le cataclysme qui a mis ma vie sans dessus dessous, je saisie, je comprend que l'autre n'est plus. Il n'est plus ni sur terre, à mes côtés, mais il restera à jamais mon homme... N'avons-nous pas eu, tous deux, un bonheur insolent?  Malgré les cahots, nous sommes restés stoïques, offrant à l'autre, lors de périodes difficiles, un indéfectible soutien.  Malgré les chocs, nous sommes restés agrippées l'un à l'autre... Nous sommes restés amoureux.

Cet amour qui fortifie, je le conserve en moi, intact; afin d'y puiser à loisir...  Ce n'est pas dans un ailleurs lointain qu'André est éternel, ce n'est pas dans un paradis désincarné, mais tout proche, en moi, partout en moi!  Parfois, des larmes jaillissent qui ne sont pas l'expression de désespoir, mais celle d'un intense soulagement, d'une immense gratitude.  Je reprend le sourire, le visage chaleureux d'André derrière mes paupières closes, me repaissant de cette vision souverainement réconfortante.  Je lui parle.  Je le sens encore si vivant.

Mon histoire

accueil