Je me raconte XXII

 I XXI XXIII

Mais; voilà. à force de trop en faire, il commença à ressentir des douleurs à l'estomac.  Il croyait que les ulcères d'estomac recommençaient.  Le jour où ces malaises survinrent à l'effort; il en parla au médecin.  Elle dit que c'était de l'angine et lui prescrivit de la nitro en vaporisateur à utiliser au besoin.  Quelques mois plus tard, il en fut au timbre de nitro. 

À l'automne 99; au début du mois de novembre , en revenant de faire son épicerie, la douleur était plus forte.  Il appela le médecin qui lui recommanda d'appeler urgence-santé.  Il refusât lui disant qu'il se présenterait par ses propres moyens à l'urgence. Inquiète la docteure demanda à me parler.  Elle me dit que ce n'était pas prudent de le laisser sortir seul .  Il fallait que je lui trouve un accompagnateur.  Notre fils étant présent, il consentit à accompagner son père.  À l'urgence,  l'électrocardiogramme indiquait qu'il faisait un infarctus et que ce n'était pas le premier qu'il faisait.  On l'hospitalisa.  Après moult examens. une chirurgie à cœur ouvert s'imposa.  Il avait trois artères de bloquées. On fit deux pontages.  Sa condition vasculaire étant très mauvaise où prendre les veines pour effectuer le pontage?  Fin novembre, la chirurgie se fit.  Le chirurgien prit la veine sous le pectoral droit.

Après la chirurgie, il fut hospitalisé dans le département de l'unité coronarienne. Et les complications se manifestèrent avec l'état de ses bronches.  Les sécrétions s'accumulaient dans ses bronches.  On devait lui aspirer avec un appareil à tous les deux jours.  Ça l'épuisait totalement. L'administration de morphine amena des hallucinations.  Il voyait des petits bonhommes sur le bureau des infirmières. Un soir; étant allé le visiter avec mon fils; il nous dit: je suis allé faire des transactions à la caisse Pop cet après midi.  Je lui dit: C'est impossible... tu es branché à un tas d'appareils. Il répondit:  Il y a un guichet en bas et on m'a transporté avec mon lit. Je ne suis pas fou!!!  Il y croyait dur comme fer.  Il me dit: regarde sur la table de chevet, les papiers sont là.  J'eus la présence d'esprit de lui répondre: Ah! ces papiers là!!  Je les ai rapportés à la maison cet après midi.  Tout satisfait il dit:  Je le savais que j'étais pas fou!!!

Depuis sa chirurgie; je remarquais que sa jaquette était toujours maculé de sang vers la région du plexus solaire.  Le chirurgien vint le visiter et il me dit: Il faut réopérer.  Il y a quelque chose d'anormal au sternum.  Il ne peut pas rester comme ça.  Quelques jours plus tard; je reçus un appel de l'hôpital,  On me disait qu'il montait à la salle d'opération.  Je demande à l'infirmière: Est-ce qu'il y a des risques??? Elle me dit: Mais madame; vous connaissez l'état de votre mari?  Tout peu arriver. Ouf!  Je n'ai pas aimé ce que ça m'a fait d'entendre ces mots.  Je ne fus pas très loin d'une attaque cardiaque moi-même.  Il revint de la salle d'opération branché à un respirateur.  Notre fils le visitât dans la soirée. Il communiquât par signes.  Ce fut difficile.  Finalement, Stéphane prit une feuille et un stylo qu'il donnât à son père.  Le dialogue fut de courte durée.   

Le lendemain matin, vers 9 hr; ça frappe à ma porte.  Une amie était allée visiter mon mari et à son arrivée une équipe de médecins s'activaient à son chevet.  Mon mari avait arraché les tubes de l'appareil respiratoire. D'avoir forcé lui causa une hémorragie stomacale. On le rebrancha et on le transféra aux soins intensifs.  Je lui rendit visite en soirée... je trouvai pénible de le voir en cet état.  Tout intubé, les mains attachées aux côtés du lit; il dormait profondément.  Je repartis vers chez-moi  et retournai le lendemain après-midi.  Il était réveillé; il tentait de me parler .  Il était encore intubé.  Une infirmière vint et elle avait sans doute eu la permission de lui enlever le respirateur.  Quand ce fut fait, il leur dit: Vos êtes pire que les chinois pour les tortures!!!  Il resta quelques jours aux soins intensifs et retourna à l'unité coronarienne. On l'hospitalisa pour quelque temps au CHSLD Lucille Teasdale.  Il n'y  fut pas très longtemps.  Il demanda de revenir à la maison. Ce fut une bonne décision de lui accorder son congé.  Il put prendre beaucoup de repos.  Il en avait vraiment besoin.  

De retour à la maison, le personnel du CLSC prit la relève pour une surveillance de la plaie qui était en bonne voie de guérison.  Il prit du repos jusqu'à l'arrivée du printemps.  Quand le beau temps fut installé, il commença son petit train-train coutumier.

L'été s'écoula paisiblement; ainsi que l'automne.  Entre Noël et je Jour de l'An , après avoir fait son petit lavage hebdomadaire à la main , en tordant son linge , il fut pris d'une douleur au bras gauche.  J'appelai Urgence Santé . Il fut transporté à l'hôpital. L'année 2001, commença comme la précédente. Il dut être hospitalisé.  Une artère coronaire était encore bloquée. Il était à l'unité coronarienne sous observation.  Deux jours plus tard ; je reçois un appel , on me demandait de me présenter à l'hôpital accompagné de mon fils pour discuter des mesures à prendre. Son état exigeait une intervention dans les plus brefs délais .  Il était sous médications et un médicament , l'héparine ; détruisait les tissus de son estomac . L'hémorragie était éminente.  Cependant, vu son état de santé général, la cardiologue nous demanda de prendre une décision .  Il ne pouvait demeurer longtemps sans intervention ; danger d'infarctus.  L'intervention consistait à insérer un ressort (stents) dans l'artère bloquée..  Les risques étaient qu'il décède ou qu'il fasse un ACV sévère ou que ce soit une réussite . Après nous avoir décrit ces choix , elle nous laissa nous concerter.  Mon fils fit une faiblesse .  La tension nerveuse était trop forte. Finalement, après discussion , nous laissâmes mon mari prendre sa propre décision.  Il opta pour l'intervention en souhaitant très fortement que ce soit une réussite.  En mon fort intérieur, je souhaitai que lui soit évité l'ACV .  L'intervention se fit en fin de journée et se fut un succès total. Quel soulagement!  Il revint à la maison peu de temps après.

Notre vie se stabilisa. Nous avons organisé notre quotidien pour qu'il soit le plus agréable possible.  Le suivi médical ne fut pas négligé.  Mon mari se présentait à ses rendez-vous; surtout en cardiologie et pneumologie. Pas si simple comme vie cependant.

Je reprend mon récit. Une bonne dizaine d'années ce sont écoulées.  J'ai dû mettre de côté plusieurs de mes hobys afin de me réserver du temps en repos. Les cinq dernières années de vie de mon époux demandèrent soins et attentions en alternances avec de courtes périodes de répit. Des années de plus ou moins longues hospitalisations . Il tenait tellement à la vie.

Nous savourions les accalmies avec délectation. Nous leur réservions un accueil particulier avec une réceptivité  inspirante pour ceux qui nous cotoyaient.  Nous aurions pu sombrer dans la morosité. Notre aptitude naturelle au bonheur nous permettait de focusser sur l'instant présent. La joie, le rire et la bonne humeur remplissaient ces moments et nous en profitions pleinement.

Je ne décrirai , sans entrer dans les détails, que sa dernière année de vie. 

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