| Le lièvre et la tortue J'entends de ceux qu'il faut lorsque, prêt d'être atteint. Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes, Et leur fait arpenter les landes. Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter, Pour dormir et pour écouter D'où vient le vent, il laisse la tortue Aller son train de sénateur. Elle part, elle s'évertue, Elle se hâte avec lenteur. Lui cependant méprise une telle victoire, Tient la gageure à peu de gloire, Croit qu'il y a de son honneur De partir tard. Il broute, il se repose, Il s'amuse à toute autre chose Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit Que l'autre touchait presque de la carrière, Il partit comme un trait; mais les élans qu'il fit Furent vain : la tortue arriva la première. "Eh bien! lui cria-t-elle, avais-je raison? De quoi vous sert votre vitesse? Moi l'emporter! et que serait-ce Si vous portiez une maison? Les fables de Lafontaine accueil | |